PREMIÈRE RÉPUBLIQUE

Philibert TSIRANANA

Qualifie de "Père de l'Indépendance" de Madagascar, il fut Président de la République de 1959 -1972. L'ancien instituteur en français et en mathématiques aimait à être qualifie de "socialiste libéral". Il est vrai que durant son mandat les préoccupations s'orientèrent autant vers le développement des campagnes suivant le slogan de "la politique au ras du sol", qu'en faveur des groupes capitalistiques notamment français.

La forte dépendance de l’économie malgache vis a vis de la France caractérisa le régime de TSIRANANA. L’appartenance à la "zone franc" fut la voie choisie pour assurer la couverture en devises des importations reconnues prioritaires, pour donner une garantie de débouchés à certains produits agricoles, à des prix supérieurs aux cours mondiaux (bananes, viande, sucre, riz de luxe, poivre, etc.), pour sécuriser les investisseurs privés. Aussi, en 1960, 73 % des exportations sont dirigées vers la zone franc et particulièrement la France. L' aide de celui qu'on appela alors "Reny malala" ou " la mère chérie" sous toutes ses formes, fut voisine ou égale aux deux tiers du budget national malgache jusqu’en 1964.

Durant le mandat de TSIRANANA , Madagascar fut connu comme étant le pays du "socialisme pragmatique", avec une économie florissante et une stabilité politique qui firent pâlir d'envie les voisins du continent africain.

La politique économique mise en œuvre sur l’île par l’administration Tsiranana s’inspire d’un néo-libéralisme nuancé, associant encouragement à l’initiative privée (nationale et étrangère) et intervention de l'État. Le plan quinquennal adopte en 1964 fixa les grands choix du gouvernement en matière d’investissements. Son objectif était de permettre le développement de l’agriculture et la promotion des paysans.

Afin d’encourager ces investissements, le gouvernement mèna une politique favorable à l'octroi de crédits grâce à quatre organismes : l’Institut d’émission, le Trésor public, la Banque nationale malgache, et surtout la Société nationale d’investissement qui prend des participations dans les plus grosses entreprises malgaches et étrangères, commerciales et industrielles. Afin de s’assurer le soutien des capitalistes étrangers, le Président TSIRANANA condamna par principe la nationalisation et déclara:

« Je suis socialiste libéral. Par conséquent, l’État doit jouer son rôle en laissant libre le secteur privé. Nous, nous devons combler les vides, car nous ne voulons pas faire une nationalisation paresseuse, mais, au contraire, dynamique, c’est-à-dire que nous ne devons pas spolier les autres, et l’État n’intervient que lorsque le secteur privé est déficient. »

Bien qu'étant hostile à toute idée de socialisation des moyens de production, il n'en est pas moins socialiste. Son gouvernement incite au développement de coopératives et autres techniques de participation volontaire. Les kibboutz israéliens paraissaient alors être la clef du développement agricole. Ainsi en 1962 est créé un Commissariat général à la Coopération, chargé d’une action en profondeur comportant la mise en place de coopératives de production et de commercialisation sur l’île. En 1970, le secteur coopératif a le monopole de la collecte de la vanille. Il contrôle la production bananière dont il assure également le ramassage, le conditionnement et l’exportation. Il prend pied dans le café, le girofle et le riz. Par ailleurs de grands aménagements hydro-agricoles sont réalisés par des sociétés d’économie mixte telles que la SOMALAC (Société d’aménagement du lac Alaotra) qui anime plus de 5 000 riziculteurs.

D'aucuns reconnaissent que le mandat de Philibert TSIRANANA fut aussi marqué par l'essor du système éducatif qui plaça Madagascar parmi les premiers viviers de l'élite africaine. Ainsi, des écoles furent ouvertes dans toutes les villes et dans la plupart des villages de l'île; chaque province disposa de son propre lycée; la première université, dénommée "Université Charles De Gaulle" fut inaugurée des octobre 1961.

La fin du mandat du Président Philibert TSIRANANA fut dramatique. La population se souleva en 1972 excédée, notamment, par la dépendance de plus en plus accentuée vis à vis de la France et l'emprise grandissante d'une frange minoritaire de la population minée par la corruption ou embourgeoisée à l'occidental, sur une majorité restée à la traîne de la croissance économique.

Gabriel RAMANANTSOA

Le plus ancien dans le grade le plus élevé en son temps, le Général de Division Gabriel RAMANANTSOA assuma la fonction de Chef d' État à Madagascar, de 1972 à 1975.

Diplômé de la prestigieuse école spéciale militaire de Saint Cyr à Coetquidan, en France, il commença sa carrière dans l'armée française et prit, par la suite, le commandement de l'Etat Major Général de l'Armée Malgache, poste qu'il occupa avant d'être propulse à la direction du pays suite aux émeutes qui avaient entraîné la chute du Président Philibert TSIRANANA en 1972.

Le Général RAMANANTSOA fut connu pour son conservatisme et son sens de la l'égalité. Il fit sien les fameuses devises " servir" et "Pour la Patrie". Son sens de l'orthodoxie l'avait, semble-t-il, terriblement handicapé pour entreprendre les réformes et répondre aux attentes de la population qui s'est révoltée contre le régime de Philibert TSIRANANA. Ayant exercé dans un lourd contexte politique, ethnique et social, son mandat fut absorbé par une interminable tentative de réconciliation nationale, larguant au second plan les volets économiques et sociaux.

Il fit autant d'admirateurs que de déçus lorsqu'il annonçât sa démission en 1975, un geste introuvable dans les annales de l'histoire et inconcevable pour tous tenants de pouvoirs.

Richard RATSIMANDRAVA

Le Colonel Richard RATSIMANDRAVA reçut le pouvoir du Général RAMANANTSOA en février 1975, pour assumer la fonction de Chef D'Etat jusqu'à son assassinat six jours après.

Diplômé de l'école spéciale militaire de Saint Cyr, Coetquidan, en France, il suivit par la suite une formation à l'école de Gendarmerie de Melun, toujours en France. Apres avoir servi dans l'armée française, il assurera le commandement de la Gendarmerie nationale malgache jusqu'en 1972 lorsqu'il devint Ministre de l'Intérieur.

Il institua une politique audacieuse et qualifiée de "révolutionnaire" , en instituant les "Fokonolona" comme socle du développement , voire du pouvoir. Le concept érigeait les communautés villageoises comme étant la base de toutes les initiatives, en quelque sorte leurs besoins devaient dicter la politique au niveau national. L'idée force du Colonel RATSIMANDRAVA était de parvenir à une décentralisation du pouvoir qu'il soit politique ou économique. Cette ligne de rupture lui valut l'ire de la bourgeoisie traditionnelle tout comme avec les grands "lobbies économiques". D'un autre côté, sa popularité allait grandissante auprès du petit peuple et des tenants de "la révolution" de 1972.

Quoiqu'il en soit, six jours après son accession au pouvoir il fut assassiné.

Gilles ANDRIAMAHAZO

Étant alors Général de Brigade, Gilles ANDRAIMAHAZO fut désigné Président du Comité National Militaire de la République Malgache le 12 février 1975, après l'assassinat du Colonel RATSIMANDRAVA, un Directoire militaire qui dura jusqu'au 15 juin de la même année.

Il sortit des rangs après avoir participé à la Grande Guerre Mondiale et à la guerre d'Algérie au sein de l'Armée française. Il affûta par la suite ses armes à l'école militaire interarmes de Cherchell en France, en tant qu'élève-officier. A l'issue de l'Indépendance il accéda au grade de Général de Brigade et occupa le poste d'Inspecteur Général des Forces Armées et du Service Civique. En 1972, il assura la fonction de Gouverneur d'Antananarivo et devint par la suite Ministre de l'Aménagement du Territoire pendant le mandat du Général RAMANANTSOA.

Après le décès tragique du Colonel RATSIMANDRAVA, étant le plus gradé de ses pairs il fut porté à la tête du Directoire Militaire qui présida temporairement la destinée du pays.

Qualifié de modéré et de consensuel, ses quatre mois à la tête du pays consistèrent essentiellement à organiser sa succession.

 

DEUXIÈME RÉPUBLIQUE

Didier RATSIRAKA

Le Capitaine de Frégate Didier RATSIRAKA fut élu à la présidence du pays le 15 juin 1975. Monte en grade, ses détracteurs lui colla plus tard, le sobriquet de "l'Amiral Rouge".

Didier RATSIRAKA fut un élève brillant : Il fut admis en classe préparatoire scientifique au Lycée Henri-IV classe parmi "Les Grandes Écoles" en France. Il choisira la voie militaire, et fut admis dans la prestigieuse École Navale française d'où il sortit deuxième de sa promotion.

Il exerça par la suite en tant que stagiaire dans la marine française, avant de rejoindre la marine nationale malgache. Il fut Ministre des Affaires Étrangères durant le mandat du Général RAMANANTSOA .

A ce poste, il obtint en 1973 de francs succès lors de la révision des Accords de coopération avec la France : départ des soldats français présents à Madagascar (évacuation de la base de Diégo-Suarez), départ de la zone Franc, etc. Il fut alors considéré, avec le colonel Richard Ratsimandrava, comme un jeune Ministre à forte personnalité et enclin à une révolution politique et sociale afin d'accélérer le développement de Madagascar

Ayant initialement présidé les destinées du pays jusqu'en 1993, ses mandats successifs furent marqués par l'idéologie socialiste et la malgachisation de l'enseignement. Sur le plan économique, ce fut l'époque des nationalisations comme celle des investissements à outrance. Le Vade Mecum était consigné dans un "Boky Mena" (Livre Rouge) inspiré du Djoutché du Nord Coréen Kim Il Sung.

Le rêve du « paradis socialiste » se heurta cependant vite au manque de moyens financiers propres par rapport aux investissements de masse à mener sur le court terme, et la dette publique explosa. Si Madagascar s'affirma comme membre du Mouvement des Non-Alignés, il fut rapidement contraint de demander le soutien du Fonds monétaire international et en subissant ses conséquences à travers la mise en oeuvre des politiques d'ajustements structurels exigés par l'organisation internationale en échange de son aide.

A partir des années 80, les investisseurs étrangers affluèrent à Madagascar. On les trouva dans les mines, la recherche pétrolière, le textile, l'agriculture, la pêche, le tourisme, le bâtiment et les travaux publics. La mise en place d'un dispositif législatif et fiscal incitatif contribua pour beaucoup à favoriser les investissements directs qu'ils furent nationaux ou étrangers. Ainsi, les usines en zones franches foisonnèrent, créant des centaines de milliers d'emplois; les richesses du sous sol commencèrent à faire la réputation de la grande île aux quatre coins du monde, il en fut de même du potentiel touristique.

Le Président RATSIRAKA plaça également l'éducation parmi ses priorités majeures. Son administration multiplia l'implantation des écoles dans les zones reculées, s'investit dans la formation du personnel enseignant. On notera aussi la construction de Centres Universitaires Régionaux dans les chefs lieux des six provinces. La capacité de l'université d'Antananarivo fut agrandie pouvant dès lors accueillir jusqu'à 10000 étudiants, proposant la plupart des matières généralement dispensées dans les universités occidentales, notamment françaises.

En 1991, le pouvoir du Président RATSIRAKA se heurta aux manifestations d'envergure des "Forces Vives" conduites par le Professeur Albert ZAFY, elles conduisirent à la chute de son premier régime lors des élections de décembre 1992.

 

TROISIÈME REPUBLIQUE :

Albert ZAFY

Le Professeur Albert ZAFY affuble du sobriquet "l'homme au chapeau de paille", était d'abord Président de la structure transitoire "Haute Autorité de l’Etat " ( H.A.E) entre 1991 et 1993, avant d'être élu Président de la République en 1993.

Professeur en médecine et chirurgien de renom au côté du Pr Cabrol, il fait ses études à l'université de Montpellier ainsi qu'à l'université de Paris, en France.

Il était membre du gouvernement du Général RAMANANTSOA en assumant la fonction de Ministre de la Santé et des Affaires Sociales.

Son mandat était marqué par une instabilité politique manifeste et des résultats économiques peu convaincants. L'autorité du Professeur s'étant progressivement effritée il était victime d'une motion d'empêchement institutionnel. Il s’est incliné face à l’amiral Didier Ratsiraka dans sa tentative de revenir au pouvoir par la voix des urnes lors des élections anticipées en 1996.

Norbert Lala RATSIRAHONANA

Norbert RATSIRAHONANA assuma la fonction du Chef d’Etat intérimaire entre septembre 1996 et Janvier 1997 après l’empêchement du Pr Albert Zafy.

Magistrat de 1er grade, ayant exercé plusieurs fonction au sein de l’organe de la justice malagasy, il était notamment Président de la Haute Cour Constitutionnelle puis Premier Ministre du professeur Albert ZAFY.

Il se présentait aux élections présidentielles de décembre 1996, mais termina en quatrième position. Il a procédé à la passation de pouvoir avec l’Amiral Ratsiraka en janvier 1997.

Didier RATSIRAKA

L'Amiral Didier RATSIRAKA redevint Président de la République en janvier 1997 après une éclipse de quatre ans.

Il a lancé comme slogan de son nouveau mandat " l'humanisme et l'écologie". Il procéda à la révision de la Constitution de la troisième République, et redéfinit la notion de la décentralisation effective, à travers, notamment, la mise en place des provinces autonomes. Sur le plan économique le maitre mot fut le libéralisme. Il procéda , entre autres, aux opérations de privatisation de plusieurs entreprises dont le capital était contrôle par l'Etat. Le dernier mandat de Didier RATSIRAKA fut marqué par un regain de l’économie. Le taux de croissance avoisina les 7%, la multiplication des investissements directs étrangers et nationaux contribuèrent à la création d'emplois tout en augmentant les recettes fiscales et douanières. La libéralisation s'étendit dans tous les domaines, y compris dans les domaines considérés comme sacrés tel que le foncier, puisqu' on autorisa, par exemple, la constitution de "réserves foncières" pour favoriser les investissements dans les secteurs touristiques ou miniers. Le secteur financier ne fut pas en reste avec l'implantation, à travers toute l'île, d'établissements de micro-Crédits. L'embellie économique durant le dernier mandat de RATSIRAKA fut cependant entachée par l’implication de sa famille dans la gestion des affaires de l’Etat.

Sur le plan social, ce mandat aura été marqué par les efforts engagés dans les secteurs de la santé et de l'éducation. On citera l'implantation des centres de santé de base dans toutes les communes, la généralisation des établissements d'enseignement de base dans les fokontany.

A l'issue des élections controversées du 16 décembre 2001 et le coup de force de Marc RAVALOMANANA, Didier RATSIRAKA fut contraint de quitter le pouvoir en juillet 2002 et de s'exiler de nouveau en France. Plusieurs de ses partisans furent l’objet d’emprisonnement ou d’exactions, nombre d'entre eux furent contraints de s’exiler à l'étranger.

Marc RAVALOMANANA

Autodidacte, il dirige la petite laiterie familiale et la transforme grâce au soutien d'un proche de la famille, et avec l'aide de la Banque Mondiale, en une entreprise industrielle de dimension nationale : le groupe Tiko S.A. Marc Ravalomanana incarne l'exemple même de la réussite car partant de rien il a réussi à implanter sa marque dans tout Madagascar par les produits de Tiko. Tiko devient très vite le fleuron de l'industrie malgache et permet ainsi à toute la population malgache d'accéder aux produits laitiers.

En décembre 1999, il est élu maire d'Antananarivo, hors des partis politiques, sous les couleurs de l'association Tiako Iarivo. Il engage la réhabilitation de la capitale et lance de vastes opérations d'assainissement et de grands chantiers d'infrastructures urbaines avec comme devise : la « lutte contre la pauvreté ». Le 16 Décembre 2001, il s’est présenté à l'élection présidentielle de Madagascar.

Les résultats, selon le ministère de l'Intérieur, donnent Marc Ravalomanana en tête avec 46,44 % des suffrages devant le président sortant Didier Ratsiraka, 40,61 %. Ces chiffres sont contestés par le Comité de soutien à Marc Ravalomanana et par son organisation de campagne Tiako'i Madagasikara, qui ont fait leur propre collecte de résultats. Ils affirment que Ravalomanana est vainqueur au premier tour avec environ 53 % des suffrages et réclament une confrontation des procès-verbaux originaux dont ils possèdent un exemplaire. Le 17 janvier 2002, la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) a accepté à ce qu'un nouveau décompte des voix se tienne pour départager les deux candidats. Le 26 janvier, cette Cour Constitutionnelle a publié son résultat selon lequel Ravalomanana a obtenu la majorité des voix, mais pas assez pour être déclaré vainqueur de l'élection. Mais les partisans de Marc Ravalomanana contestent ce verdict de la HCC et appellent les gens à descendre dans la rue.

Excité par ses partisans regroupés sur la place du 13 mai, Marc Ravalomanana se préparait, dès le 20 février, à s'auto-proclamer coûte que coûte "président de la République" et le 22 février 2002 il franchit le pas et s'autoproclame "président de la République" soutenu par une partie des membres de la Haute Cour Constitutionnelle et quelques magistrats au stade municipal de Mahamasina (Antananarivo).

L'auto-investiture du 22 février 2002 n'a pas été acceptée par la communauté internationale. Marc Ravalomanana a dû renouer avec la voie diplomatique et accepte la médiation du président sénégalais Abdoulaye Wade.

Les choses ont évolué différemment. Le conseiller spécial de Marc Ravalomanana, Norbert Lala Ratsirahonana, ancien président de la Haute Cour Constitutionnel, a su convaincre les membres de la HCC de confirmer la victoire du candidat Marc Ravalomanana au premier tour. Après un nouveau décompte, une deuxième investiture a eu lieu, cette fois-ci « légale », le 6 mai 2002. Les représentations diplomatiques envoient leur numéro deux à Mahamasina assister à une cérémonie officialisant l'entrée en fonction de Ravalomanana.

Le régime Ravalomanana fort de ce statut légal recouvre le contrôle de l'administration. Il a fallu à nouveau démanteler les barrages "anti-économiques" dont celui sur la RN2 reliant Antananarivo à Toamasina, la ville du grand port. Pour cette mission, les réservistes ont été préférés à des éléments de l'armée régulière pour désarmer les milices et les militaires aux ordres de Ratsiraka et assurer la pacification du territoire. Les États-Unis ont été les premiers à reconnaître le nouveau pouvoir à Madagascar après l'issue de la crise politique de 2002.

À l'issue de la crise post-électorale de 2002, Marc Ravalomanana et son parti Tiako i Madagasikara devaient une nouvelle fois légitimer leur accession au pouvoir. C'est chose faite avec les élections législatives et communales largement dominées.

Au terme de son premier mandat, Marc Ravalomanana fut réélu au premier tour de l’élection présidentielle du 16 décembre 2006 avec l'obtention de 54,79 % (2 435 199 ) des voix.

Les opposants réclament la révision de la loi électorale que l'ancien président Didier Ratsiraka aurait conçue pour se maintenir au pouvoir. Ils délaissent la campagne sur le référendum du 4 avril 2007. La révision de la Constitution concerne la mise en place des régions, la reconnaissance de la liberté de religion à la place de la laïcité, l'anglais en tant que troisième langue officielle.

Marc Ravalomanana a adopté un nouveau style très chef d'entreprise, il veut aller vite tout en restant pragmatique, souvent au détriment de l'orthodoxie de la gestion des finances publiques ou/et en outrepassant les procédures réglementaires (remblai sans autorisation dans une zone de bassin tampon protégeant la capitale des inondations, attribution du marché et vente de ce terrain à une entreprise de son groupe à un prix de très loin inférieur à ce qu'il en a couté à l’État pour l'aménager). Il encourage les Malgaches à travailler dur, vite et bien. Les concepts en anglais font leur apparition:rapid result initiatives, private public partnership, task force, ownership, leadership. Il privilégie le partenariat multilatéral au bilatéralisme issu du colonialisme. Des services administratifs ont été créés dans le but d'instaurer une bonne gouvernance : le Bianco pour lutter contre la corruption, le SAMIFIN contre le blanchiment d'argent, le Central Intelligency Service, le Conseil supérieur de la défense nationale,… Des pôles intégrés de croissance sont mis en place en partenariat avec la Banque mondiale. Toamasina est décrétée capitale économique, en rétorsion à la défaite de son parti aux municipales à Antananarivo, la capitale. Les projets miniers (ilménites, nickel, cobalt, pétrole) font leur apparition avec la loi sur le grands investissements miniers qui sont censée apporter le développement économique et social dans la région. Des doutes persistent sur leur impact écologique, le réel apport au développement local, les bénéfices que l'État perçoit. Sans adversaires, le TIM domine le Parlement et a un millier de maires élus, (soit deux sur trois). Sous la présidence de Marc Ravalomanana, les réformes ont été nombreuses : la redynamisation de la décentralisation et de la déconcentration (alors que paradoxalement le moindre détails se décidait à son niveau tellement ses collaborateurs avaient peur de ses décisions et sautes d'humeur imprévisibles), la réforme foncière pour donner aux paysans un titre, la possibilité aux investisseurs étrangers d'acquérir un terrain, la réforme fiscale visant à augmenter le nombre de contribuables et la recette, le "ciel ouvert". La plus grande réforme qu'aurait été la transformation de l'Éducation Nationale du primaire- qui dure sept ans – jusqu'au niveau supérieur n'a pas été réalisée. Marc Ravalomanana fait entrer l'apprentissage de l'anglais en primaire dans certaines écoles pilotes et envoie des jeunes étudiés aux États-Unis.

Un projet encore en étude d'une location de 1,3 million d'ha à l'entreprise sud coréenne Daewoo Logistics en novembre 2008 participe au début de la contestation de l'autorité de Marc Ravalomanana. S'ajoutant à cela une grande incompréhension de la décision prise par Marc Ravalomanana d'acquérir un jet présidentiel à plusieurs milliards d’ariary. De plus, les virulentes critiques de la part de politiciens comme Herizo Razafimahaleo contre Marc Ravalomanana dans son obstination à maintenir à tout prix le sommet de l’Union Africaine prévu pour 2009 à Antananarivo a donné de la légitimité à la contestation surtout l'expression d'un ras-le-bol de sa manière de gouverner. Le meneur de cette contestation, le maire de la capitale Andry Rajoelina las du blocage des comptes de sa municipalité par le gouvernement, critique Marc Ravalomanana en l'accusant de pratiques autocratiques et de mainmise sur la sphère économique. Le 17 mars 2009, il passe son plein pouvoir aux cinq Généraux les plus hauts gradés de l’armée (toutes armes confondues) présidée par le Vice Amiral Hippolyte Rarison Ramaroson. Le gouvernement du général Charles Rabemananjara est dissout par décret du chef de l'État. Les fonctions de président de la République et de Premier ministre sont confiées à un directoire militaire à qui le président Ravalomanana remet le pouvoir. Quelques heures plus tard, le Vice Amiral Hippolyte Ramaroson, transmet le pouvoir à Andry Rajoelina qui prend ses fonctions de président de la Haute Autorité de transition.

ANDRY NIRINA RAJOELINA

En 1994, Andry Rajoelina débute sa carrière dans le secteur de l'événementiel, il organise et anime les soirées dansantes « Live » qui rassemble plus de 10 000 personnes, un franc succès. En 1998, grâce au financement de la société de capital-risque Fiaro, filiale de la compagnie d'assurances de l'État ARO, il crée l'entreprise d'impression numérique et de gestion de panneaux publicitaires Injet. Celle-ci est la première entreprise à Madagascar à acquérir la technologie d'impression grand format ce qui lui permet de rapidement dominer le marché de l'affichage publicitaire. Marié à Mialy Razakandisa. En 2000, il devient actionnaire de la société Domapub, une autre société de gestion de panneaux publicitaires qu'il rachètera par la suite. Injet/Domapub détient alors le monopole de l'affichage publicitaire à Antananarivo. En 2007, il rachète, la radio et chaîne de télévision Ravinala, propriété de l'homme politique Norbert Ratsirahonana qu'il rebaptise Viva.

Le 03 novembre 2007, Andry Rajoelina se porte officiellement candidat à la mairie de la capitale de Madagascar, et créé l'association Tanora malaGasy Vonona ou TGV. Il se déclare non affilié à l'opposition.

Le 12 décembre 2007, Rajoelina est élu maire d'Antananarivo avec 63,32% des voix pour un taux de participation de 40%. Il avait pour principal adversaire Hery Rafalimanana du parti Tiako I Madagasikara (TIM), le parti du président Marc Ravalomanana. Huit jours plus tard, Rajoelina est reçu par Ravalomanana qui le félicite pour son élection. Le jeune maire Rajoelina annonce que la mairie est endettée à hauteur de 8,2 milliards de MGA. Début janvier 2008, des coupures de l'éclairage public et de l'approvisionnement en eau des bornes fontaines perturbent la stabilité de la ville. En effet, la JIRAMA, compagnie nationale d'électricité, réclame à la commune des arriérés de paiements s'élevant à 3,3 milliards MGA, déduits de 717 millions MGA de taxe communales, les arriérés sont ramenés à 2,58 milliards MGA . Andry Rajoelina réagit sur TV Plus, où il déclare : « La population d’Antananarivo ne doit pas être sanctionnée pour des raisons de stratégie politique », estimant que cette manœuvre avait pour but de le déstabiliser politiquement.

Le 17 décembre 2008, après l'arrêt des émissions de la chaîne de télévision Viva TV ordonné par le gouvernement suite à la diffusion de l'interview de l'ancien président Didier Ratsiraka (appelant à déstabiliser le gouvernement démocratiquement élu). La population tananarivienne entame les grandes manifestations et contestations dans le jardin d’Ambohijatovo qui est baptisé « Place de la démocratie ». Puis la manifestation de plusieurs milliers de personnes s’étend de la Place de la démocratie à la place de la Gare passant par la place du 13 Mai. Andry Rajoelina exige la réouverture de sa chaîne télévisée et lance un ultimatum au gouvernement qui expire le 13 janvier 2009. Le 24 janvier 2009, il appelle à une grève générale et exige la démission du ministre de la Communication et du ministre chargé des Domaines. Le 26 janvier 2009, il organise une autre manifestation anti-gouvernementale qui dégénère en émeutes et en une série de pillages. Le 31 janvier 2009, Rajoelina se proclame « en charge des affaires du pays » sur la place du 13-Mai. Le 7 février 2009, il organise une manifestation sur la place du 13-Mai et demande à ses partisans de faire une marche pacifique vers le palais d'État d'Ambohitsorohitra. Cette marche s’est soldé par la mort de 4 personnes et des centaines de bléssés suite à la tir à balle réelle des gardes présidentielles. Un mois plus tard le 6 mars 2009, sous le coup d'un mandat d'arrêt lancé par le Président Marc Ravalomanana, Andry Rajoelina s’est réfugié à l'ambassade de France« à la demande de la communauté internationale et du médiateur de l'ONU ».

Le 17 mars 2009, Andry Rajoelina est prononcé président de la Haute Autorité de la transition de la République de Madagascar et signe l'ordonnance no 2009-003 qui porte création de la Haute Autorité de la Transition (HAT) et la suspension du Parlement élu. Le 18 mars 2009 la Haute Cour constitutionnelle (HCC) dans son Acte 79-HCC/G du 18 mars 2009 valide ces transferts de pouvoir. Le 21 mars 2009 dans la matinée, Andry Rajoelina prête serment en qualité de président de la Haute Autorité de la transition au stade de Mahamasina, à Tananarive, devant environ 40 000 personnes. La communauté internationale demande alors que se tiennent des élections le plus rapidement possible pour rétablir l'ordre démocratique et constitutionnel.

Le 8 août 2009, sous la médiation de la Communauté Internationale Andry Rajoelina signe des accords de partage de pouvoir avec les mouvances des anciens présidents Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka etAlbert Zafy appelés "Accords de Maputo" ainsi qu'un acte additionnel à "Addis Abbeba".

Les différents postes législatifs et exécutifs sont ainsi partagés équitablement entre les différentes factions politiques qui acceptent in extremis de laisser Rajoelina à la présidence si les accords sont appliqués. Sont ainsi nommés un Premier ministre de consensus en la personne d'Eugène Mangalaza, deux coprésidents pour une présidence collégiale, Emmanuel Rakotovahiny et Fetison Rakoto Andrianirina, et le président de l'Assemblée nationale, Mamy Rakotoarivelo.

Pourtant, le 22 décembre 2009, Rajoelina et Marc Ravalomanana romptent les accords de Maputo. Plusieurs tentatives ont eu lieu par la suite pour remettre à nouveau les accords (Gaborone, Afrique du Sud, Seychelles,…)

Les États-Unis dénoncent le « climat d'intimidation » qu'il fait régner à Madagascar. Après la COMESA, la SADC à travers Robert Mugabe, propose une intervention militaire pour expulser Rajoelina du pouvoir. L'opposition composée principalement des partisans de l'ancien président Ravalomanana manifestent régulièrement. Par ailleurs, des troubles secouent régulièrement la capitale avec au moins deux tentatives de coup d'État militaire pour renverser Rajoelina (Fort Duschene, BANI....).Cependant, la France a reconnu en dépit de toute autre considération le régime de Rajoelina notamment lors de la présentation de la lettre de créance de l’Ambassadeur de France à Madagascar M. Jean Marc Châtaignier auprès du Président de la Transition. Le 12 mai 2010, Andry Rajoelina a été reçu par Abdou Diouf, secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). Du 9 au 13 mai 2011, Andry Rajoelina fut invité à la 4e conférence des Nations unies sur les pays les moins avancés qui s'est tenue à Istanbul en Turquie. Andry Rajoelina était lors du dîner à la table d’honneur présidentielle aux côtés du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Quelques jours plus tard, le 18 mai 2011, Abdou Diouf a salué la décision d'Andry Rajoelina de ne pas se présenter aux prochaines élections présidentielles malgaches. Le 13 mai 2011, Andry Rajoelina a été reçu par Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères.

Après plusieurs tentatives de consensus, sous la pression de la Communauté Internationale, un accord a été trouvé entre les partis politiques malgaches et la Constitution a été suspendue au profit de « La Feuille de Route ». La feuille de route a été signée 16 septembre 2011 par tous dont l'objectif est de mener le pays vers des élections libres et vers une sortie de la crise.

Andry Rajoelina est également intervenu lors de la 66e session de l’Assemblée générale des Nations unies le 23 septembre 2011 à New York, marquant ainsi la reconnaissance internationale de son statut de Chef d’Etat - Président de la Transition de la République de Madagascar. « Après trois ans de crise politique et après trois ans d'absence, Madagascar est aujourd'hui fier de retrouver sa place, ici parmi vous, dans le concert des Nations », a-t-il déclaré. Lors de son discours à la tribune, Andry Rajoelina a insisté sur le « rôle de la médiation dans le règlement des différends par des moyens pacifiques ». Selon lui, la diplomatie est essentielle pour trouver des solutions durables aux conflits internes comme aux crises mondiales. Pour illustrer ses propos, Andry Rajoelina a souligné l’importance de l’implication et du rôle joué par les organisations de la société civile malgache, les partenaires bilatéraux et régionaux de la Grande Île ainsi que par la communauté internationale (la SADC, l’ONU, l’Organisation internationale de la Francophonie et la Commission de l'océan Indien) pour sortir Madagascar de la crise. Le lendemain, lors d’une audience officielle, Andry Rajoelina a été reçu par Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, pour discuter avec lui de la mise en place de cette feuille de route, signée le 16 septembre 2011 pour la sortie de crise.

Trois ans après sa première déclaration, Nicolas Sarkozy a officiellement reçu Andry Rajoelina le 6 décembre 2011 au Palais de l'Élysée. Un accord a été signé entre les deux pays, dans lequel la France s'est engagée à verser 10 millions d'euros d'aides destinées aux régions défavorisées de Madagascar et à d'autres organismes publics malgaches. Andry Rajoelina a également reconnu qu’un long chemin restait à parcourir avant que Madagascar puisse définitivement tourner la page. Il a ainsi affirmé qu’il convenait de se concentrer en premier lieu « vers la mise en application des dispositions de la feuille de route, par pur respect des premières aspirations populaires, menant vers l'organisation d'élections libres, crédibles, justes et transparentes - seule issue définitive à la crise et au retour à la normalité constitutionnelle ».

Le mandat d’Andry Rajoelina était marqué par la réalisation de plusieurs projets socio-économique qu’il a qualifié de moderne ou « manara-penitra » à savoir les nouveaux hôpitaux nouvellement équipés, les bureaux des municipalités urbaines en l’occurrence La Mairie d’Antananarivo, la Mairie de Toamasina et plusieurs autres dans les grandes villes de Madagascar, le plus grand stade de spectacle baptisé Coliséum, plusieurs stades sportifs dont le stade Maki des rugbymen malagasy sise à Andohatapenaka Antananarivo.

 

QUATRIEME REPUBLIQUE :

HERY RAJAONARIMAMPIANINA 

Hery Martial Rakotoarimanana RAJAONARIMAMPIANINA, 55 ans, marié à Voahangy RANDRIAMANANA, père de famille.

ECONOMISTE, doté d’une double compétence en Sciences Economiques, en Economie financière et Développement d’une part et en Finances et Comptabilité, d’autre part, Hery RAJAONARIMAMPIANINA a une double vision complémentaire dans les domaines macroéconomique et microéconomique.

Son parcours estudiantin est une illustration de ce que l’enseignement public supérieur à Madagascar est capable de faire, à savoir une réelle capacité de former valablement les élites. Après un début classique [il a intégré l’université à 18 ans], Hery RAJAONARIMAMPIANINA a en effet obtenu en 1982 son diplôme de Maîtrise en Sciences Economiques à l’Etablissement d’Enseignement Supérieur de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sciences Sociales (EESDEGS) - Université d’Ankatso Antananarivo.

Il a par la suite effectué ses études de troisième cycle en Sciences Economiques avant de compléter sa formation supérieure à l’extérieur, cette fois-ci en Finances et Comptabilité, plus précisément à l’Université de Trois Rivières, Quebec, CANADA, où il décrocha en 1986 son Diplôme d’Etudes Approfondies – DEA – en Sciences Comptables.

Il fit, en 1987, un bref retour à Madagascar pour enseigner à l’INSCAE avant de parachever sa formation et stage professionnel, sanctionnés par son Diplôme d’Expertise Comptable du Certified General Accountant’s Association (C.G.A), toujours au Canada, en 1991.

Muni de tels bagages, la facilité aurait pu lui dicter le choix d’une carrière professionnelle de Financier ou d’EXPERT COMPTABLE à l’étranger, mais Hery RAJAONARIMAMPIANINA décida de rentrer dans son pays où il va faire une carrière professionnelle exemplaire, tout en s’impliquant dans des responsabilités extra professionnelles importantes.

Valorisant le TRAVAIL et la JEUNESSE, il accepte en 1991 le poste de Directeur des Etudes à l’Institut National des Sciences Comptables de l’Administration d’Entreprises (INSCAE), qu’il occupa jusqu’en 1995, tout en exerçant sa profession d’Expert Comptable.

Il a exercé le métier de PROFESSEUR PERMANENT en finances et comptabilité auprès de cet Institut et assurait également des cours à l’Université d’Antananarivo et à l’IAE de METZ (France).

En 1995, il fonde le cabinet d’Expertise Comptable et Commissariat aux comptes AUDITEURS ASSOCIES - C.G.A, à Antananarivo, qui a acquit très rapidement ses lettres de noblesses et sa place dans le milieu des finances et de l’économie nationale et internationale.

Fort d’une cinquantaine de collaborateurs, le cabinet intervient dans tout Madagascar sur de multitudes branches d’activités de sociétés, d’organismes nationaux et internationaux, de projets financés par les bailleurs de fonds, dans le domaine du conseil, audit, comptabilité, juridique, organisations financières et sociales.

Il a pris la Présidence de l’Ordre des Experts Comptables et Commissaires aux Comptes de Madagascar en 2003, et ce durant cinq ans puis membre du Conseil Supérieur de la Comptabilité (CSC) ou encore a été nommé Conseiller du Comité pour la Sauvegarde de l’Intégrité depuis 2004.

Il a participé à divers projets de société, à des actions civiles et sociales.

En 2009, il occupe le poste de Ministre des Finances et du Budget qui était marqué par la fermeture des vannes de l’aide publique au développement ou encore par le retrait des principaux bailleurs de fonds des projets en cours, le tout aggravé par une situation économique internationale dégradée et une crise nationale aigue. QUATRE ANS comme Ministre des Finances et du Budget, Hery RAJAONARIMAMPIANINA .

Puis, il est devenu Président de la République le 24 Janvier 2014 après avoir battu le candidat Jean Louis Robinson le 20 décembre 2013.

Il a démissionné de son poste de Président de la République le 07 Septembre 2018 pour être candidat à sa proper succession pour la présidentielle du 07 Novembre 2018 où il est sorti en troisième position avec 08.82% des suffrages exprimées.