Excellences, Mesdames et Messieurs,
En tant qu’être humain, qui ne peut prédire le lendemain, l’avenir. Les premiers jours d’une nouvelle année, nous confèrent toujours autant de joie et d’espérance.
Occasions de se rencontrer pour se souhaiter et d’échanger des vœux de bonheur.
En effet, les échanges de vœux de nouvel an constituent un moment incontournable et privilégié pour tous.
Je ne pouvais décemment pas transgresser cette tradition, profondément enracinée dans nos mœurs, bien que d’aucuns aient pu penser que nous aurions pu en faire l’économie, au regard du contexte qui est le nôtre en ces heures et instants précis.
J’ai été éminemment sensible aux propos aimables exprimés à mon endroit, ainsi qu’à mon épouse et à ma famille. Mais, dans les circonstances particulières que nous vivons actuellement, je tiens justement à mettre davantage en lumière les vœux qui ont été adressés au peuple malagasy pour lequel il est capital de savoir que la vie du pays n’est pas en suspens et que les affaires nationales continuent leur cours.
Pendant ces derniers mois, il n’a malheureusement pas toujours été commode de dégager une telle image, alors même que, paradoxalement, nous étions censés continuer à évoluer dans une phase intra constitutionnelle.
Cette unique occasion de l’année est celle qui permet aux Malagasy de toucher du doigt, la teneur des relations d’amitié et d’entente qui les unissent aux Nations et Organisations représentées à Madagascar, au-delà des vœux qui lui sont adressés et qui les touchent d’ailleurs au plus haut point.
C’est ainsi, au nom du peuple malagasy, Excellences, Mesdames et Messieurs, que je voudrais vous exprimer nos remerciements les plus vifs et les plus sincères.
Je forme en retour, pour vous-même, pour vos familles, pour les Souverains, Chefs d’Etat, Gouvernements et Organisations que vous représentez, nos vœux de paix, de prospérité et de succès. Je formule par ailleurs le souhait que cette nouvelle année 2019 puisse, sans autre atermoiement, engager nos parties dans la poursuite de nos objectifs communs, indépendamment des évènements jalonnant la vie sociopolitique de notre pays et qui, malheureusement, ont toujours tendance à prendre le peuple en otage.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Au titre des évènements ayant marqué l’année 2018, la situation, reconnue comme inédite, liée à la démission du Président Hery Rajaonarimampianina, du fait de sa candidature aux élections présidentielles, fut sans doute la plus marquante.
La succession d’un Président intérimaire s’en est suivie, bouleversant quelque peu les pratiques institutionnelles. Ce qu’il a fallu néanmoins assumer, car ainsi l’a voulu la Constitution en vigueur. car je cite « UN CHEF DOIT ETRE UN ABSORBEUR D’INQUIETUDE ET UN DIFFUSEUR DE CONFIANCE » Général Pierre de Villiers
Les élections présidentielles auront bien entendu constitué le point d’orgue de toutes ces péripéties. Nous avons été témoins de scrutins qui se sont déroulés dans un climat plutôt serein malgré quelques soubresauts… légitimes ou non, la Haute Cour Constitutionnelle nous en dira certainement davantage, dont les membres n’ont pas pu être parmi nous aujourd’hui pour des raisons que nous comprenions tous aisément
En tout état de cause, je tiens à exprimer toute la gratitude et la reconnaissance du Gouvernement et du peuple malagasy pour l’appui inestimable que vous avez apporté pour la bonne tenue de ces élections, outre le soutien que vous n’aviez cessé de prodiguer au service du développement de notre pays.
Il est tentant, mais toujours délicat, d’évoquer ces indicateurs économiques qui, il faut le dire, ont évolué favorablement grâce aux efforts menés pendant ces quelques années.
En 2018, Madagascar est parvenu à une certaine stabilité macroéconomique et les indicateurs économiques sont sur une tendance positive :
- – La progression du PIB nominal de 6.6% (12 172 700 000 USD /461 USD/Habitant)
- – C’est la première fois que le taux de croissance du PIB pourrait dépasser les 5% depuis dix ans.
- – Le taux d’inflation est maintenu à environ 7%, favorisé notamment par une augmentation limitée du prix des carburants ;
- – Taux de change : dépréciation annuelle de l’Ar de 7.1% /USD et de 2.6%/ Euro
- – Le taux de pression fiscale (de 12%) est le niveau le plus élevé depuis 20 ans au moins ;
- – Les réserves de change du pays (1,6 milliards de USD, 4,2 mois d’importation de Biens et Services) n’ont jamais été à un niveau aussi élevé depuis que la Banque Centrale existe
- – Les dettes extérieures : 2 904 500 000 USD / 25% du PIB, d’une bonne soutenabilité des dettes extérieures
- – La progression des crédits au secteur privée reste soutenue à 18%
- – Flux de l’IDE 489 Millions USD
C’est cette recherche incessante d’environnement, économique, monétaire, sociale et politique stable et prévisible qui a contribué à la croissance économique du pays.
Les performances macroéconomiques réalisées et l’avancement des réformes, fruits de la collaboration entre les différentes institutions du pays, des Ministères et du secteur privé national, expliquent d’ailleurs le soutien continu des partenaires techniques et financiers.
Le pays a donc continué de bénéficier du programme FEC et a encaissé des aides budgétaires totalisant 174 millions USD et une aide à la balance de paiements de 44 millions de USD en 2018.
Je ne m’étendrai pas davantage sur une telle liste. Je tenais néanmoins à souligner que tout frein, qu’il soit d’ordre politique ou relatif aux actions de coopération, mis dans l’accomplissement de ces entreprises, accumulera d’autant les retards au détriment du développement du pays. Les soutiens en ces domaines ne seront donc jamais de trop et n’interviendront jamais trop tôt.
Mais ces performances sont encore bien en deçà de ce que nous devrions atteindre, pour à la fois amorcer un véritable décollage économique durable, et surtout, avoir un impact tangible dans la vie quotidienne de nos concitoyens ;
A ce stade/aujourd’hui, la majorité de la population estime même que leur niveau de vie s’est encore dégradé. Il y a une certaine perception de « croissance appauvrissante »
La population a besoin d’un Etat protecteur et redistributeur.
D’un Etat fort, d’une croissance plus inclusive et d’un environnement plus propice, incitatif, sécurisant, juste.
En attendant que ces fondamentaux (et bien d’autres) soient redressés et que leurs impacts deviennent tangibles dans les 5 à 10 prochaines années, l’Etat doit mobiliser les ressources financières importantes pour mener une politique sociale de soutien à la population et particulièrement aux couches les plus vulnérables.
Il s’agira d’actions spécifiques dont les principes ne devraient jamais entrer en contradiction avec les réformes structurelles.
Cette option politique aura le maximum de chance de réussir si elle est soutenue et menée dans le cadre d’une coopération internationale multilatérale.
Il est regrettable que certains projets ou programmes aient dû accuser quelques ralentissements du fait que la perception du cadre institutionnel de ces derniers mois incitait le plus grand nombre à se confiner dans une expectative qui, encore une fois, ne profitera pas au peuple.
Des observateurs désobligeants auraient même relevé cette dissonance impressionnante entre une attitude attentiste laissant une impression d’hibernation durant la période intérimaire et les éloges spontanés à l’endroit de la démocratie malgache à la suite de la démission du président candidat à l’élection présidentielle
Pendant ces cinq ans, il était essentiel de renouer les relations mises à mal avec les partenaires internationaux, il était crucial de reconstruire les bases de la relance économique qui avaient frôlé la récession, il fallait restaurer, regagner la confiance entre les politiciens, les dirigeants et le peuple, les opérateurs et les investisseurs.
Le peuple las d’une cinquantaine d’années de déclin perçu, n’a voulu sursoir à son impatience d’un mieux être immédiat et palpable au quotidien.
Les résultats économiques obtenus en 2018 sont les premiers jalons de la voie vers une croissance forte et durable. C’est le fruit de plusieurs années d’efforts de réformes. Ils sont absolument nécessaires mais clairement insuffisants.
Les proches années futures devraient s’attacher à les capitaliser, à les transformer en étapes solides et décisifs et non à les défaire.
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Je formule le vœu pour que le nouveau Président Malagasy démocratiquement élu puisse mener à bien la destinée du Pays, un Président réconciliateur et soucieux des biens communs.
Cette nouvelle année puisse contribuer davantage au renforcement des liens de Madagascar avec les pays et organisations internationales que vous représentez.
Du reste, au terme de notre mandat, et à l’issue de ces élections que nous devons percevoir comme une solution, et non la source de nouvelles crises, je reste confiant en ce nouvel élan, qui s’annonce dans notre pays en vue de relever tous les défis, destinés à honorer l’aspiration du peuple malagasy à des lendemains plus cléments.
A cet égard, et bien que nous soyons encore dans l’attente d’une proclamation officielle, je voudrais d’ores et déjà exprimer tous mes vœux de réussite au nouveau Président élu. Que Dieu le garde et l’accompagne dans l’accomplissement de sa noble et non moins immense mission au service de la Nation et de tout le peuple malagasy
Pour finir, puis-je vous livrer ces quelques sujets de réflexions issus du message de Mme Audrey Azoulay, Directrice Générale de l’UNESCO pour la célébration de la journée internationale de la tolérance 2019 : «…/… La tolérance est le respect, l’acceptation et l’appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de nos formes d’expression et de nos manières d’exprimer notre qualité d’êtres humains. A la fois vertu morale et principe politique, la tolérance est un solide rempart contre le racisme et toutes les discriminations. C’est un vecteur de paix que nous devons cultiver et renforcer …/… »
Et du message de Sa Sainteté le Pape François pour la célébration de la Journée Mondiale de la Paix : «…/… Non à la guerre et à la stratégie de la peur, la paix ne peut jamais être réduite au seul équilibre des forces et de la peur …/… »
Puisse le Tout Puissant nous donner la force et l’énergie de continuer à servir les idéaux de notre monde d’aujourd’hui.
Encore une fois, meilleurs vœux à toutes et à tous.
Je vous remercie de votre attention.